Je vous présente les salutations d’Al-Azhar et du Conseil des Sages Musulmans. Je vous remercie du fond du cœur pour votre noble réponse et pour votre visite historique en Egypte et à Al-Azhar. Cette visite opportune a été une réponse à l’invitation d’Al-Azhar pour participer à sa conférence internationale sur la paix. Cette paix perdue recherchée par des peuples, des pays, des misérables, des malades, des errants dans le désert, des fugitifs qui ont quitté leurs patries pour d’autres patries lointaines ne sachant pas s’ils y arriveront ou bien la mort, la noyade, les cadavres et les carnages jetées aux bords des mers – ce qui compte une tragédie humaine douloureuse - les empêcheront d’y atteindre. Nous ne dépassons pas la vérité si nous disons : que l’histoire n’a jamais connu une telle tragédie.
Les sages, les clairvoyants cherchent encore une raison convaincante derrière ces tragédies que nous devons en payer un prix lourd par nos âmes et nos patries, mais ils ne trouvent même pas une seule raison logique qui justifie ces catastrophes qui sont infligé aux pauvres, aux orphelins, aux veuves et aux personnes âgées, à part une seule raison qui semble logique ; qui est le commerce des armes et sa distribution, ainsi que la garantie du fonctionnement des usines de la mort, l’enrichissement exagéré à cause de ces transactions suspectes, des décisions internationales imprudentes.
Parmi les paradoxes que ces crises se passent pendant le vingt-unième siècle, le siècle de la civilisation et des droits de l’Homme, le siècle du progrès scientifique et technologique immense, l’ère des instances de la paix et les Conseils de la Sécurité, de la criminalisation, de l’utilisation de la force, même dans les relations internationales. Ce siècle est celui de l’apparition des courants sociaux, des philosophies humaines, de l’annonce de de l’égalité absolue et de la seule couche sociale, de la modernité irréligieuse et de la postmodernité, ainsi toutes ces autres réalisations sociales et philosophiques qui caractérisent notre époque moderne.
La question centrale dans ce paradoxe est la suivante :
• Comment la paix mondiale est-elle devenue, avec toutes ces réalisations, le Paradis perdu ?
• Comment l’ère des droits de l’Homme témoigne-t-elle des actes barbares plus que toute autre époque ?
J’estime que vous êtes d’accord avec moi que la réponse à ces questions est que la civilisation moderne méconnaît les religions divines, leurs valeurs éthiques biens enracinées et inchangeables quel qu’en soit les intérêts et les objectifs et les caprices et désirs.
La première valeur : est celle de la fraternité, de l’interconnaissance et la compassion entre les humains, le rappel aux gens que toutes les créatures sont les serviteurs d’Allah et le plus aimé par Allah parmi eux est celui qui est le plus utile à Ses serviteurs, pour que le monde ne se transforme en une forêt pleine d’animaux sauvages dont les uns survivent en mangeant les autres.
Les savants de l’Orient et de l’Occident confirment que la solution ne réside que dans la reprise de conscience des messages divins, dans la soumission du discours moderniste dévié à une lecture critique profonde censée sauver la raison humaine de la pauvreté de la philosophie expérimentale et de son vide criant, la domination de la réflexion individuelle tyranne sur la vie des individus. La postmodernité ne doit pas limiter ses réflexions à la reformulation de ces courants en ajoutant des philosophies inspirées de l’imaginaire.
Cependant, des philosophes et des croyants pensent, à priori, à la reformulation ces courants dans le cadre de la fraternité et de la compassion. Ce contexte est le remède redonne la vie aux courants philosophique, au travail à la fois, scientifique et pratique collectif. En effet, ce remède n’existe que dans la religion.
Je suis convaincu que le terrain est maintenant préparé pour que les religions jouent leurs rôles dans la mise en évidence de la valeur de la « paix », de la justice, de l'égalité et du respect de l'humain, quelle que soient sa religion, sa couleur, sa race et sa langue.
Dans le Coran, que les musulmans lisent matin et soir, nous y trouvons cette parole d’Allah : (Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam. Nous les avons portés sur terre et sur mer. Nous leur avons procuré d’agréables nourritures. Nous leur avons donné la préférence sur beaucoup d’autres de Nos créatures.) Sourate 17 :70.
Mais avant cela, nous devons œuvrer pour purifier les religions de toute image erronée qui leur est attachée, des fausses applications, de religiosité mensongère, qui attise les conflits et diffuse les haines et incite aussi à la violence. Ainsi, nous ne devons pas juger les religions à cause des crimes perpétrés par une minorité saboteuse de leurs adeptes.
Et l'islam ne saurait être qualifié d'une religion de terrorisme, parce qu'une fraction de ses fidèles se sont précipités à prendre en otage certains de ses textes, les interprétant d’une manière ignorante et déviée, et qui se sont mis ensuite à verser de sangs et à tuer les âmes, semant la corruption sur terre et ils trouvent toujours des gens qui les financent, les forment et leurs donnent des armes.
Le christianisme également ne saurait être qualifié d'une religion de terrorisme, parce qu'une fraction de ses adeptes a porté la croix pour aller faucher des vies sans distinction entre homme, femme, enfant, combattant ou prisonnier ;
Le judaïsme ne saurait être décrit d'une religion de terrorisme en raison de la mauvaise exploitation des enseignements de Moïse, -que la paix soit sur lui – et à lui ne plaise- dans l'occupation d'une terre, causant des millions de victime parmi les propriétaires et les ayants droit, du peuple palestinien sans défense.
D'ailleurs, la civilisation européenne ne doit pas être qualifiée d'une civilisation de terrorisme à cause du déclanchement de deux guerres mondiales au cœur de ce continent, et qui a coûté la vie à plus de soixante-dix millions de personnes; encore moins, la civilisation américaine ne doit être considérée comme une civilisation de terrorisme lorsque ses bombes dévastèrent les populations à Hiroshima et Nagasaki , si jamais, on s'adonnait à cette interprétation, telle qu'elle l'est actuellement pour l'Islam, aucune religion, ni aucun système ni aucune civilisation, ni même aucune histoire ne saurait échapper à être accusée de violence et de terrorisme.
Nous tenons à apprécier votre honorable papauté, pour vos déclarations qui rendent justice à l'Islam, et qui réfutent l'accusation de violence et de terrorisme, nous avons remarqué en vous ainsi qu'en ces élites parmi les pères des Églises occidentales et orientales, une détermination à respecter les croyances, les religions et leurs symboles, à les défendre contre toute offense et contre toute personne qui exploite tels abus pour déclencher les conflits entre les croyants.
Oui, Al-Azhar a œuvré et ne cesse d'œuvrer pour une coopération dans le domaine de la D’aw’a afin d’établir la philosophie du vivre ensemble et de revivifier le dialogue et le respect des croyances des autres, sans y porter atteinte, et d’œuvrer ensemble dans les domaines qui nous unissent, lesquels sont d'ailleurs nombreux.
Ainsi, travaillons donc ensemble pour les personnes vulnérables, les personnes touchées par les famines, les personnes qui sont en insécurité, les prisonniers de guerre et ceux qui subissent des tortures sur terre, sans clivage, ni classification, ni discrimination.
Œuvrons ensemble pour sauver les familles contre les dérives des mœurs et contre l'abus de la recherche scientifique, les dérivations de certains chercheurs et pour sauver l'environnement contre les désastres des malfaiteurs.
Faisons-nous face aux politiques de la suprématie, aux théories du choc des civilisations, aux visions apocalyptiques des choses, aux appels à l'athéisme, aux mentalités machiavéliques, aux théories d'une modernité où les religions n'auront pas de place, et aux tragédies et catastrophes qui pourraient en résulter partout dans le monde.
En conclusion, je me tourne vers Allah, le Tout Miséricordieux, le Très miséricordieux, Lui implorant de faire de cette réunion une étape réelle à laquelle nous coopérons tous pour diffuser une culture de paix, de fraternité et de coexistence.