11/12/2014

La Conférence Mondiale pour la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme

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Dans le cadre des efforts du Grand Imam, le Professeur Dr. Ahmad Al-Tayeb, Cheikh d’Al-Azhar, pour la lutte contre les idéologies extrémistes et étrangers à l’Islam authentique et pour combattre les groupes égarés qui déforment la véritable image de l’Islam, et en se lançant de la responsabilité juridique, nationale et humaine qui incombe à l’Institution d’Al-Azhar, et sur sa conviction en la nécessité d’une confrontation scientifique des idées déviantes et les notions erronés sur de nombreuses questions relatives à l’Islam tels que le califat, le Jihad, la  citoyenneté et d’autres – Son Eminence le Grand Imam, Professeur Dr. Ahmad Al-Tayeb, Cheikh d’Al-Azhar, a appelé les oulémas et les penseurs de la Nation dans le monde entier, pour expliquer la vision authentique de l’Islam vis-à-vis de ces questions,  de façon à trancher la discussion autour de ces problèmes, dans une conférence Mondiale. Cette Conférence s’est tenue durant  deux jours, le 3-4 décembre de  l’année 2014, sous le titre « La Conférence Internationale d’Al-Azhar pour la lutte contre l’extrémisme et au terrorisme », avec la participation d’environ 600 savants musulmans d’environ 120 pays arabes et étrangers, des leaders d’églises orientales et des représentants de certains d’autres sectes qui ont souffert de la criminalité des groupes terroristes, et en présence du Mufti de la République Dr. Shawqi Allam, le Président de l’Université d’Al-Azhar, des hauts fonctionnaires d’Al-Azhar et du Ministère des Waqfs, un certain nombre d’intellectuels et de personnalités publiques égyptiennes et internationales, comme M. Amr Moussa, responsable de la préparation de la constitution de 2014. La Conférence a réuni aussi un certain nombre de gouverneurs et des ambassadeurs de certains pays musulmans et arabes au Caire, des symboles de l’Islam et du christianisme dans plusieurs pays et des représentants du Vatican.
La Conférence constitue le premier mouvement international dans lequel ce nombre de savants, de dirigeants et de leaders de la région se réunissent pour annoncer la position de l’Islam sur le terrorisme et l’extrémisme.
Les thèmes de la Conférence étaient axés sur : « la correction des concepts déformés par les extrémistes, tels que le concept de l’Etat islamique, du califat, de la gouvernance, du jihad, de l’ère préislamique et du takfir ; en plus de discuter des causes de l’outrance, de l’extrémisme et des facteurs qui conduisent à leur propagation ».
La Conférence a discuté de l’impact du terrorisme sur les sociétés arabes et d’autres, ainsi que de la vision future de la lutte contre le terrorisme et ce que nous devrions faire pour la lutte contre ce grand danger.
La Conférence a également traité des causes de la propagation du terrorisme et son danger sur la paix et la sécurité mondiales et de la consolidation des concepts de citoyenneté et de coexistence pacifique, afin de diffuser la culture de la différence et de la coexistence sociale.
La Conférence a gagné un large élan mondial et de grande appréciation locale, régionale et internationale ; au vu de la diversité intellectuelle et culturelle de l’auditoire, et de la déclaration des religieux islamiques et chrétiens – conjointement – leur rejet de toutes les formes de terrorisme et d’extrémisme, leur rejet des pratiques terroristes et les prétentions de l’Occident à associer le terrorisme à l’Islam.

Discours du Grand Imam lors de la conférence : 
Bienvenue à vous tous, ainsi qu'à nos chers invités qui ont répondu à l’invitation et qui sont venus de divers pays, de l'Extrême-Orient et de l'Extrême-Occident. Nous vous remercions et souhaitons la bienvenue en Égypte, la terre de la Civilisation, votre deuxième pays et votre pays-frère qui occupe, nous semble-t-il, une place très distinguée dans vos cœurs. 
Bienvenue à l’honorable Azhar qui a l’honneur de vous accueillir et qui cherche à bénéficier de vos discussions à ce moment critique de l'histoire de la Oumma. 
Ce rassemblement regroupe des figures éminentes de l'Orient arabo-musulman et du monde entier. Il est formé des Musulmans, Sunnites et Chiites, des Chrétiens de différentes sectes et d’autres adeptes nés en Orient, élevés sur son sol et nourris de ses bienfaits. 
Cette conférence tombe à un moment critique où les dangers les plus cruels planent sur nos pays et nos peuples aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le Moyen-Orient pour éprouver de la pitié envers ses peuples terrifiés et condamnés à une situation catastrophique. Lorsque vous regardez bien la carte du Moyen Orient, vous seriez terrifié à cause la situation dramatique injustifiable. Aucune raison logique ne justifie cette destruction délibérée de vies et de maisons. Cette barbarie n’a, en vérité, de but que de déchirer la Oumma, d’anéantir sa civilisation et de faire taire son histoire. 
Je me demande toujours – et peut-être vous aussi - sur les causes de cette crise arabe, de cette lutte aveugle mêlée à l'odeur du sang et de la mort. Il s’agit d’explosions, de décapitations, de déplacements par millions et de destruction des édifices et des pays entiers de manière que l’histoire ne l’a jamais connue. Ces crimes odieux sont commis par quelques groupes terroristes étrangers à nos caractères musulmans, à notre civilisation grandiose et à notre culture pacifique. Ces groupes ont enfreint les commandements des religions et dépassé les limites de la morale et des valeurs humaines distinguant l’homme pacifique et sain d'esprit de celui brutal assoiffé de sang. 
En réfléchissant sur ces bandes armées et leur expansion rapide dans nos pays arabes et musulmans, on peut constater que leur émergence est due à des raisons religieuses, économiques, civilisationnelles, politiques et à d'autres raisons faisant l’objet de vos discussions lors de cette conférence. Mais je voudrais souligner une autre raison qui mérite une attention particulière, à savoir le complot ourdi par l’ennemi contre l'Orient arabe pour qu’Israël reste le pays le plus fort et le plus riche de la région. Cette hypothèse n’est pas à négliger ; car tout est possible. 
En 2003, l'État irakien a été envahi pour des raisons fabriquées de toutes pièces dévoilées plus tard par la presse internationale et reconnues par les grands systèmes politiques mondiaux. Dans ce pays, les envahisseurs ont commencé par démobiliser l'armée irakienne qui était l'une des armées arabes les plus puissantes. Puis, motivés par des intentions méchantes, ils ont laissé les armes abandonnées tomber dans les mains des milices, ennemis les uns des autres sur le plan sectaire et dogmatique. 
Quel a été le résultat onze ans après l'invasion de l'Irak ?
 L'Irak s’est enfoncé dans un dédale de violence et noyé dans des mers de sang dont il n'est pas encore sorti. Il en va de même pour la Syrie, le Yémen et la Libye. Il semble que le complot se joue sur la même corde : tensions sectaires et ethniques, fourniture d'armes aux djihadistes pour y semer destruction et mort parmi des milliers de jeunes de notre communauté. Allah Seul sait quand la machine de guerre s’arrêtera dans ces pays affligés. C’est Lui Seul qui sait le moment où ils seront capables de décider de leur sort sans pression ni ingérence d’une puissance régionale ou internationale.
Il est certain que les conspirateurs récoltent d'énormes gains des combats interarabes et intermusulmans qui maintiennent leur faiblesse et tuent en eux tout espoir de progrès et de force. Il s’agit justement d’une guerre par procuration dont les incitateurs ne subissent aucune perte ni en vies ni même en matériel. Pire encore, ce conflit interarabe ouvre d'importants marchés pour l’industrie d’armes, les trafiquants de guerre, de mort et de destruction. La Syrie en est une preuve évidente ; elle s’est transformée depuis des années en théâtre sanglant où le trafic d’armes orientales et occidentales prospère remarquablement. 
J'espère que les responsables des usines d'armement iront tester l’efficacité de leurs armes dans un désert ou dans des endroits isolés, loin des terres, des maisons et des installations arabes. 
La théorie du complot n'est pas la seule raison mais il y a une autre raison profondément liée à notre histoire arabo-musulmane et qui mènent toujours à l’insuccès de nos affaires internes, à savoir la division, la désunion et la dispute. Je ne veux pas m'arrêter longtemps sur cette crise historique dont les conséquences funestes sont toujours à craindre comme l’indique le Noble Coran : « Obéissez à Allah et à Son Messager ! Ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force. Soyez endurants, car Allah est avec les endurants ! ». (Coran, al-Anfal, 46). Je me contente seulement de jeter la lumière sur un contraste digne d’étonnement. Malgré les éléments potentiels d'unité et de force octroyés par Allah comme langue, race, religion, histoire et géographie communes et malgré notre Ligue Arabe et l'Organisation de la coopération islamique – fondée depuis plus d'un demi-siècle - nous n’avons pas pu former une union arabo-musulmane semblable à l'Union Européenne. L’unité arabe est possible si les Arabes sont motivés par des intentions sincères, une vision réfléchie à long terme et un désir ardent de mettre fin aux différends internes. Sans aucun doute, les Arabes sont capables de former cette unité une fois leur volonté passée à l’acte. 
À cette occasion, Al-Azhar apprécie hautement les efforts du Serviteur des Deux Saintes Mosquées dans sa poursuite incessante de l'unité arabe face aux défis et aux dangers qui menacent la Oumma. 
En même temps, nous ne devons pas fermer les yeux sur les idées extrémistes et fanatiques qu’on a nourries dans l'esprit de certains de nos jeunes et qui les ont poussés à adopter l'idéologie d’excommunication et à faire la propagande des des organisations terroristes comme Al-Qaïda qui travaillent jour et nuit pour attaquer les pays et ébranler leurs stabilités.
Récemment, l'organisation (Daesh) est apparue sur la scène pour proclamer le califat. Elle n’était pas la première et ne serait pas la dernière à répandre ses malices dans la région pour y semer mort et destruction. Malheureusement, de telles organisations possèdent des capacités gigantesques de propagande capables d’entraîner les pires conséquences sur l'Islam et les Musulmans du monde entier.
Daech n'est pas la seule faction armée sur la scène, mais il y a d'autres milices sectaires qui massacrent et déplacent de force les innocents en Irak, en Syrie et au Yémen. Il y a également des groupes sectaires qui tentent d'entraîner des pays entiers dans des loyautés étrangères au nom de la démocratie et droits de l'homme, comme c’est le cas à Bahreïn, par exemple. Ces groupes sont dirigés par des soi-disant cheikhs et des soi-disant muftis leur autorisant de perpétrer ce genre de crimes au nom de la religion et les incitant à en commettre davantage. 
Je n’aime pas descendre dans les détails de cette crise humaine par souci de sauvegarder l'unité des Musulmans, objectif suprême qu’Al-Azhar cherche toujours à réaliser depuis plus de mille ans. 
Il est à noter que le dénominateur commun liant tous les groupes terroristes réside dans l’excommunication des Musulmans pécheurs (takfir) sous la couverture de laquelle ils jugent licite de les mettre à mort. Cela rappelle assurément à notre esprit des doctrines anciennes dépassées par l'histoire et dont les adeptes ont tué des multitudes de Musulmans après les avoir accusés de mécréance sur la base des interprétations erronées des textes du Coran et de la Sunna. 
Les nouveaux extrémistes partent des mêmes convictions après avoir arraché le sens de la "mécréance" à son contexte déterminé par le Prophète (pbAsl) dans le hadith de Gabriel – Que la paix soit sur lui – mis en pratique par les Musulmans de génération en génération. 
Dans ce hadith, le Prophète (pbAsl) interdit d’effuser le sang de celui qui commet un péché même s’il s’agit d’un péché majeur. Il a restreint la mécréance au déni du cœur dépourvu de foi en Allah, Ses anges, Ses livres Saints, Ses Messagers, le Jour Dernier et le destin, bon ou mauvais. 
Pire encore, le concept de djihad a été déformé par ces organisations terroristes qui tuent qui elles veulent au nom du djihad. En même temps, ces organisations considèrent leurs adeptes tués comme des martyrs méritant le Paradis comme récompense. C'est, en effet, l'une des erreurs les plus fatales dans la compréhension de la loi de l'Islam. 
Premièrement : le Jihad n'est prescrit dans l'Islam que pour se défendre, protéger la religion ou la patrie. C’est ce que nous avons appris par cœur de nos cheikhs à Al-Azhar : « Seule l’agression justifie le combat et non pas l'infidélité. ».
Deuxièmement : Il n'est permis à personne d'annoncer le djihad ; car il est du ressort du chef du commandement. Il n'est pas permis à des individus ou à des groupes d'en décider, quelles que soient les circonstances. Cette charge est exclusivement confiée à l’Autorité Suprême pour éviter l’anarchie, l’effusion de sang, l’atteinte à l’honneur et l’appropriation injuste des biens des gens. En effet, la mauvaise compréhension des sentences de la charia est la cause principale de ce dont nous souffrons aujourd’hui sur ce plan.
Sans doute, l’atteinte portée à la vie d’une personne, quelle que soit sa religion ou sa croyance est formellement condamnée par l’Islam. Il faut reconnaître que l'Islam appelle à renouer de bonnes relations avec les adeptes d'autres religions. Il a permis le mariage avec eux et la vie commune sous le même toit. Donc, l’Islam appelle à la coexistence et même à la création des liens familiaux entre adeptes des religions. Partant de ces commandements islamiques, nous appelons à la vraie citoyenneté et à la vraie coexistence entre citoyens. 
Il faut comprendre que l'agression, le déplacement forcé et la discrimination vont à l’encontre de la vraie religion et du consensus des Musulmans. 
Concernant le Califat ou l'Imamat Suprême des Musulmans, les ulémas des fondements de la religion sont d’avis qu’il fait partie des questions d’ordre secondaire et loin de former un des fondements basiques de l’Islam. 
A la Faculté des fondements de la religion de l'Université Al-Azhar, nos étudiants étudient l’un des ouvrages de référence acharite « Charh al-Mawāqif » où l’auteur dit : « L'Imamat ne représente ni l’un des fondements de la religion ni l’un de ses dogmes ; il s’agit, d’après nous, d’une question d’ordre secondaire. ». 
De même, dans « Sharh al-Maqasid » ouvrage dogmatique, al-Sa‘d al-Taftazani - l'un des imams d'Ahl al-Sunnah wal-Jama'ah - dit : « Il n'y a aucun doute que la question de l'Imamat entre à priori dans la Science des Branches. ». Cette conviction est confirmée par tous les ouvrages dogmatiques de Ahl al-Sunna wa al-Jama‘ah. Comment donc cette question, qui ne relève pas des fondamentaux de la religion, a-t-elle poussé quelques jeunes à excommunier leurs opposants ?! Comment cette question est-elle devenue un moteur de conflit entrainant l’effusion du sang, la destruction des maisons et la déformation de l’image de cette religion tolérante ?! 
Ce serait long d’énumérer les concepts erronés qui ont poussé ces groupes à arracher les textes religieux à leurs contextes appropriés et à justifier leur effusion de sang. Je confie aux ulémas participant à cette conférence la tâche de corriger ces concepts, de les remettre à leur juste place dans notre patrimoine textuel et intellectuel et d’en conclure les résultats dans la déclaration finale de la conférence. Je leur conseille de le faire pour qu’ils puissent avoir la conscience tranquille d’avoir transmis le message et guidé vers le droit chemin. 

Chers frères et amis honorables, 
Les efforts de notre jeunesse doivent être orientés vers le progrès scientifique, technique et civilisationnel pour pouvoir rattraper les nations à la tête du leadership mondial et exercer une certaine influence sur les destinées de l'humanité en l’orientant vers la bonne destination. Ces efforts de progrès doivent être contrôlés par les principes religieux et moraux et inspirés de la Révélation divine. Il est temps d’œuvrer pour ce progrès afin de mettre un terme aux maux de l’humanité causés par les politiques mondiales qui travaillent en absence totale de valeurs morales transmises par les Prophètes et des Messagers envoyés par Allah, le Très-Haut, pour le salut et le bonheur de l’humanité dans l’ici-bas et l’Au-delà. 

Chers frères, 
Al-Azhar déploie - et continue de déployer - des efforts continus pour formuler un discours religieux conscient et rationnel basé sur le Noble Coran, l'honorable Sunnah du Prophète et les efforts d’interprétation mis en vigueur par les Musulmans à travers le temps. 
J’appelle tous les Musulmans à placer leur confiance dans l’honorable Azhar, mosquée et université, car il est digne de confiance dans la transmission de la religion, dogmes et lois comme voulu par Allah et transmis par Son Prophète (pbAsl). En tenant à transmettre la religion dans sa nature pure, al-Azhar évite toujours les interprétations des extrémistes, des corrompus et des ignorants.
En déclarant notre lutte contre le terrorisme, l'extrémisme et le fanatisme, nous ne devons pas oublier la cause de tous les Arabes et les Musulmans, celle de la mosquée Al-Aqsa, la première des deux Qiblah et la troisième des Mosquées Sacrées. En effet, le monde, tout le monde, ne peut jouir de la paix qu’après avoir apporté une solution juste et définitive à la cause palestinienne. 
Enfin, il convient de rappeler qu’Al-Azhar a décidé de consacrer sa quinzième conférence, qui se tiendra bientôt - si Allah le veut - à la défense de la mosquée d’Al-Aqsa et de la cause palestinienne.

Déclaration finale de la conférence
Les participants à cette conférence ont publié une déclaration finale commune à la fin de la séance de clôture, dans laquelle ils ont explicitement déclaré : « L’Islam est innocent du terrorisme et de l’extrémisme ». Le texte de la déclaration est le suivant : Le monde arabe est confronté à un état de tension et d’agitation sans précédent en raison de l’émergence de mouvements extrémistes qui utilisent le terrorisme comme un outil pour atteindre leurs objectifs. Des citoyens sûrs ont été victimes d’attaques contre leur dignité humaine, leurs droits nationaux et leurs valeurs sacrées. Ces atteintes ont été perpétrées au nom de la religion, et la religion en est innocent.
     Raison pour laquelle Al-Azhar en tant que référence religieuse crédible pour tous les musulmans devrait prendre l’initiative de définir des concepts et de réfuter les propos dont les extrémistes ont abusé dans leurs opérations terroristes, et d’élever haut et fort la voix de l’Islam contre l’extrémisme et l’abus et contre le terrorisme sous toutes ses formes et tous ses aspects.
     En réponse à l’appel d’Al-Azhar Al-Sharif présidé par le Grand Imam, Son Eminence le Professeur Dr. Ahmad Al-Tayeb, une conférence élargie s’est tenue au Caire, en République Arabe d’Egypte, le mercredi et jeudi 11 et 12 Safar 1436 AH, correspondant aux 3 et 4 décembre 2014, après J.-C. et y ont participé des leaders de courants de pensées, des chefs d’églises orientales, ainsi que des oulémas musulmans et chrétiens de différents pays du monde.
     Après deux jours de recherches et de discussions, la réunion est conclue par une déclaration appelée « Déclaration internationale d’Al-Azhar ». Le texte est le suivant.
     Premièrement : toutes les divisions, les groupes armés et les « milices » sectaires qui ont utilisé la violence et le terrorisme face au peuple de la nation en brandissant – faussement et de manière calomnieuse – des bannières religieuses, sont des groupes pécheurs dans leurs pensées et rebelles dans leur comportement, et ils ne sont pas du véritable islam en quoi que ce soit. Certes, le fait de terroriser les gens sûrs, le meurtre des innocents, et l’agression contre les personnes et l’argent, la violation des valeurs sacrées – représentent des crimes contre l’humanité que l’Islam condamne, tant dans la forme que dans le fond. Il en est de même pour le ciblage des nations soit par la division ou la fragmentation, présente au monde une image déformée et haineuse de l’Islam.  
Raison pour laquelle, ces crimes ne se contredisent pas seulement avec la véritable religion, mais offensent également la religion, qui est incontestablement, la religion de la paix et de l’unité, la religion de la justice, de la bienfaisance et de la fraternité humaine.
     Deuxièmement : les participants à la conférence ont souligné que les musulmans et les chrétiens d’Orient sont des frères, appartenant ensemble à une même civilisation et à une seule nation. Ils ont vécu ensemble pendant de nombreux siècles, et sont déterminés à continuer à vivre ensemble dans des nationaux souverains et libres, qui réalisent l’égalité entre tous les citoyens et respectent les libertés.

     Il est certain que la pluralité des religions et des sectes n’est pas un nouveau phénomène dans notre histoire commune. Cette diversité a été et restera une richesse pour eux et pour le monde, témoin de cette histoire.
     Certes, les relations des musulmans avec les chrétiens sont des relations historiques, constituent une expérience de coexistence conjointe et fructueuse. Nous avons des expériences exemplaires en Égypte et dans de nombreux autres pays arabes qui se sont développées vers une pleine citoyenneté avec des droits et des devoirs. Par conséquent, le fait d’affronter les chrétiens et les personnes d’autres religions en simulant des raisons religieuses est un écart par rapport à la véritable religion et aux enseignements du Prophète –que la paix et les bénédictions soient sur lui- et un déni des droits de la patrie et du citoyen.
     Troisièmement : Le déplacement forcé de chrétiens et d’autres groupes religieux et ethniques est un crime répréhensible, que nous sommes unis pour condamner. Raison pour laquelle, nous appelons notre peuple chrétien à s’enraciner dans leurs patries, afin que la vague d’extrémisme, dont nous souffrons tous, disparaisse. Nous appelons également les pays du monde à arrêter la facilitation de l’immigration du programme d’aide qu’ils fournissent aux chrétiens. Car la migration réalise des objectifs agressifs visant à déchirer nos Etats nationaux et à défaire nos sociétés civiles.
     Quatrièmement : Certains responsables en Occidents et certains de ses penseurs et gens de médias exploitent ces groupes, qui contredisent la véritable religion, pour présenter une image stéréotypée à travers laquelle ils inventent une loi et une plateforme contre l’Islam. Pour faire face à ce phénomène négatif, la conférence appelle les équitables parmi les penseurs et les responsables occidentaux à corriger ces images malicieuses et à reconsidérer les attitudes négatives pour que l’Islam ne soit pas accusé de ce dont il est innocent, et pour qu’il ne soit pas poursuivi pour les actions de groupes que la religion rejette catégoriquement.
     Cinquièmement : La conférence appelle à une réunion de dialogue international afin que nous coopérions pour l’établissement de la paix et la promotion de la justice dans le cadre du respect du pluralisme religieux et sectaire et de la différence raciale. Elle appelle, aussi, à œuvrer avec diligence et sincérité pour régler les conflits au lieu de les encourager.
     Sixièmement : Un certain nombre de jeunes de la nation ont été soumis et restent encore sujet à un processus de « lavage de cerveau », à travers la promotion des idées erronées sur les textes du Coran et de la Sunna et la jurisprudence des savants, qui ont conduit au terrorisme. Par conséquent, les oulémas et les penseurs ont la responsabilité de prendre la main de ceux qui ont été trompés, par le biais par des programmes d’orientation et des cours d’instruction, qui révèlent la bonne compréhension des textes et des notions de base afin qu’ils ne soient plus un objectif des tenants de la violence et les promoteurs d’apostasie.  
     Parmi ces concepts, se trouve le concept du Califat bien guidé à l’ère des Compagnons du Messager d’Allah, que les bénédictions et la paix soient sur lui. Alors il s’agissait d’un régime établi pour l’intérêt des gens dans le but de protéger la religion, de gérer la politique de la vie et de réaliser la justice et l’égalité entre les hommes. La gouvernance en Islam est basée sur les valeurs de justice, d’égalité et la protection des droits de la citoyenneté pour tous les citoyens de la patrie sans discrimination fondée sur la couleur, le sexe ou les croyances. Par conséquent, tout régime qui réalise ces valeurs humaines fondamentales est un régime qui acquiert une légitimité à partir des sources de l’Islam. 
     Parmi les concepts déformés, figure également le « concept de Jihad », et sa véritable signification en Islam est que ce qui est en état de défense et en réponse à une agression, et sa déclaration ne peut être faite que par le tuteur, car elle n’est laissée à aucun autre individu ou groupe quel que soit leur statut.
      Septièmement : Appeler les pays du monde arabe à organiser leur coopération et à développer les mécanismes nécessaires afin de parvenir à la sécurité et la prospérité.
     Si ces pays avaient établi un marché économique, commercial, une association douanière et une défense commune, les éléments de solidarité et d’intégration auraient été réalisés dans le cadre d’un cercle qui rassemblerait des multiples nations dans une stratégie unifiée qui sert de refuge et de protection.
     Huitièmement : la conférence exige avec fermeté que les oulémas et les références religieuses du monde arabo-musulman assument leurs responsabilités devant Allah et l’histoire en éteignant tous les sinistres sectaires et ethniques, en particulier au Bahreïn, en Iraq, au Yémen et en Syrie.
     Neuvièmement : la condamnation des actes terroristes perpétrés par les forces sionistes dans les territoires palestiniens occupés, en particulier à Al-Quds Al-Sharif, et qui visent à la fois les palestiniens musulmans et chrétiens, ainsi que les mosquées et les églises, en particulier Al-Aqsa qu’Allah a béni autour de lui. Les conférenciers lancent un appel à la communauté internationale pour qu’elle intervienne de manière efficace et responsable en vue de mettre fin à ces attentats odieux et de déférer les auteurs devant les deux Cours internationales de justice et les tribunaux pénaux.
     Dixièmement : la Conférence affirme que l’Orient, avec ses musulmans et chrétiens, voit que le fait de lutter contre l’extrémisme et à l’outrance, quelle que soit sa source et quelle qu’en soient les objectifs, est la responsabilité de tous.
     En conclusion, les conférenciers expriment leur grande gratitude à Al-Azhar et à Son Eminence le Grand Imam, Professeur Dr. Ahmad Al-Tayeb, pour son initiative de convoquer cette conférence inclusive. Ils remercient également la République Arabe d’Égypte, Président, gouvernement et peuple, souhaitant à la chère Égypte plein succès dans l’exercice de son rôle de pionnier dans la lutte le terrorisme et le maintien des fondements de la coexistence commune.

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