Le cheikh d’Al-Azhar souligne : « L’espoir repose sur vous pour faire face aux guerres absurdes que connaît notre monde. »

Nous avons pris l’initiative d’établir des ponts de coopération avec les dirigeants religieux du monde entier afin de consolider la fraternité humaine, la paix et le dialogue.

Nous avons établi un partenariat unique avec le pape François, et nos efforts communs ont abouti à la signature du « Document sur la fraternité humaine ».

La « Maison de la famille égyptienne » est un modèle pionnier de coexistence et d’unité du tissu national.

La délégation de jeunes du Conseil œcuménique des Églises a déclaré : Al-Azhar est un phare intellectuel de premier plan dans la promotion de la paix et de la coexistence à travers le monde.

Son Éminence le grand imam, le professeur Ahmad Al-Tayeb, cheikh d’Al-Azhar, a reçu aujourd’hui, mercredi, au siège d’Al-Azhar, une délégation de jeunes du Conseil œcuménique des Églises, venue s’informer sur les efforts déployés par Al-Azhar pour promouvoir les valeurs du dialogue, de la fraternité et de la paix.

À cette occasion, Son Éminence a donné une conférence sur la modération en Islam et sur l’importance du dialogue interreligieux.

Le cheikh d’Al-Azhar a déclaré :

«« Toutes les religions portent un message d’amour et de paix. Elles n'ont jamais été une cause de haine, de conflit ou de division. »

Il a souligné qu’Al-Azhar est profondément engagé dans la cause de la paix mondiale et qu’il déploie tous ses efforts pour en faire une réalité vécue par l'ensemble de l'humanité. Pour atteindre cet objectif, Al-Azhar a pris l’initiative de tendre la main à ses partenaires parmi les Églises du monde, ainsi qu’aux institutions culturelles et religieuses internationales, afin de bâtir des ponts de coopération, notamment avec le Vatican, le Conseil œcuménique des Églises et le Conseil des Églises du Moyen-Orient.

Son Éminence a ajouté :

« J’ai déjà eu l’honneur de visiter le Conseil œcuménique des Églises, et j’ai rencontré à plusieurs reprises mon frère, Sa Sainteté le pape François, lors de diverses conférences et rencontres de dialogue. Nous nous sommes rendus au Vatican et il nous a rendu visite à Al-Azhar. Nos efforts conjoints ont été couronnés par la signature du Document sur la fraternité humaine pour la paix et la coexistence commune, qui a reçu une reconnaissance internationale majeure. Les Nations unies ont proclamé la date de sa signature, le 4 février, Journée internationale de la fraternité humaine. »

Son Éminence a expliqué que la mission d’Al-Azhar consiste à promouvoir la paix, aussi bien sur le plan national qu’international. Il a rappelé qu’à l’échelle nationale, cette mission s’est concrétisée par la création de la « Maison de la famille égyptienne », en collaboration avec les Églises d’Égypte. Cette initiative pionnière a, au fil des années, contribué à renforcer l’esprit de coopération, de fraternité et de tolérance au sein de la société égyptienne, et a joué un rôle essentiel dans la préservation de l’unité du tissu national.

Le cheikh d’Al-Azhar a également souligné qu’Al-Azhar a, dès le premier jour, appelé à abolir le terme « minorités » pour lui substituer celui de « citoyenneté », affirmant ainsi que tous les citoyens sont égaux. Dans ce cadre, Al-Azhar a organisé en 2017 la Conférence mondiale sur la liberté et la citoyenneté, marquant une étape importante dans la promotion de cette vision.

Son Éminence a ensuite s'adressé à la jeunesse :

« Les jeunes d’aujourd’hui ont deux responsabilités majeures :

La première est de croire que toutes les religions ont une source unique, que tous les prophètes sont frères, et que la paix est l'objectif premier de la révélation des religions.

La seconde est de comprendre que les religions interdisent le meurtre et l’effusion de sang, et qu’elles n’ont jamais été à l’origine de guerres ou de conflits. »

Il a dénoncé les affirmations répandues en Occident selon lesquelles les religions sont à l’origine des guerres, les qualifiant de fausses et infondées. Il a rappelé que les grands conflits des siècles passés — notamment les Première et Seconde Guerres mondiales, qui ont fait plus de 70 millions de victimes — n’avaient pas été causés par la religion, mais par le nationalisme, le racisme, la haine et d’autres idéologies matérialistes.

Le cheikh d’Al-Azhar a souligné que l’espoir repose toujours sur les jeunes d’aujourd’hui pour faire face à ce type de guerres absurdes qui dévastent notre monde et dont beaucoup de pays tirent profit en augmentant leurs gains issus de la vente d’armes. Ces pays ne voient que leurs propres intérêts, même s’ils se réalisent sur les cadavres des innocents et des faibles.

Il a affirmé que la barbarie et la haine qui se manifestent aujourd'hui par le meurtre de femmes, d'enfants et de personnes âgées ne peuvent même pas être observées dans le monde animal. Il a souligné que les jeunes doivent être des artisans de paix afin de s'opposer aux guerres et aux conflits. 

Le grand imam a expliqué que le problème de la civilisation contemporaine réside dans le fait qu’il s’agit d’une civilisation matérialiste, qui ne permet pas d’entendre les valeurs morales régissant la vie des êtres humains. Le désir de vendre des armes et d’exercer l’arrogance de la force et de la domination persiste encore, ce qui limite naturellement la diffusion des appels et des initiatives en faveur de la paix, dont fait partie le Document sur la fraternité humaine.

Il a affirmé que les institutions religieuses du monde entier jouent un rôle important dans la consolidation de la paix et la fin des guerres. Il a rappelé qu'il avait rencontré des chrétiens et des juifs justes, non sionistes, et qu'à l'issue de ces échanges, le Document sur la fraternité humaine avait été publié. Toutefois, a-t-il souligné, les décideurs politiques doivent également participer à la mise en place de mécanismes permettant de tirer parti de ces efforts et de les mettre en œuvre au service de l’humanité.

Les membres de la délégation du Conseil œcuménique des Églises ont pour leur part exprimé leur grande joie de rencontrer le cheikh d’Al-Azhar et leur profonde estime pour les importants efforts qu’il déploie aux côtés des dirigeants religieux du monde entier, notamment avec le pape François, efforts qui ont abouti à la signature du Document sur la fraternité humaine. Cette initiative pionnière vise à consolider les principes de paix, de dialogue et de coexistence pacifique.

Ils ont affirmé qu'Al-Azhar a toujours été un phare intellectuel de premier plan dans la promotion de la paix et de la coexistence à travers le monde. Ils ont souligné qu'ils souhaitaient continuer à l'écouter en tant que tribune de modération, d'équilibre et de tolérance, et qu'ils continueraient à œuvrer aux côtés d'Al-Azhar au service de l'humanité.