5 Avril 2017

Le Renouveau auquel nous aspirons

Le sujet du "Renouveau de la pensée religieuse" ou du "renouveau du discours religieux", abordé récemment par de nombreuses personnes et leurs écrits, ainsi que sur les écrans de la télévision par satellite et des pages de journaux, devient de plus en plus ambigu, vague et confus à cause de la mauvaise préparation part des médiats concernant la définition de la notion du renouveau en général et celle du renouveau du discours religieux en particulier. Est-il vrai que ce qu'ils ont appelé "Discours religieux" a été à l'origine des crises sécuritaires et politiques, dont souffre le monde arabe, et à l’origine des défis qui font obstacle à sa renaissance et à son progrès ? ! "
Comme preuve de cette confusion dans le traitement du "Renouveau du discours religieux", il suffit d’entendre certaines voix appelant à l'abolition catégorique du discours religieux, le considérant comme faisant partie de la crise, ou comme la crise elle-même et non comme une solution à celle-ci. En effet, ces voix ne divulguent pas le but de cet appel, ni de sa nécessité logique ; qui consiste à transformer l'institution d’Al-Azhar en un musée, malgré son rang distingué à l’échelle scientifique, spirituelle et culturelle à travers plus de dix siècles, surtout que l'Occident et l'Orient l’ont reconnue comme la plus ancienne et la plus grande Université du monde.
En revanche : Nous entendons des voix, des fanatiques, qui ne voient dans le Renouveau du discours religieux qu’un retour à ce qui étaient les premiers musulmans de la ‘Ummah (les salafs) et les croyants vertueux au cours des trois premiers siècles. Ceux-ci rêvent aussi du jour où ils mettront la main sur l'institution d'Al-Azhar retarder sa mission, ses sciences et son appel à ne pas limiter les pratiques cultuelles à un seul courant de pensée et une seule école doctrinale.
Ceux-ci menacent la tolérance de cette noble religion et de la Charia, qui a été fondée sur le pluralisme et la différence d'opinion dans une liberté que nous ne connaissons pas de contrepartie dans d'autres lois. Ils ne veulent pas voir l'expansion d'Al-Azhar dans l’ère moderne comme il était pendant les dix siècles précédents où il y avait un consensus sur les fondements, les textes indiscutables et les finalités de la religion.
La porte de la différence, de la liberté d'opinion, du dialogue entre les oulémas était grande ouverte. S’inspirant de cette approche pluraliste, dans les rowaks (salles des cours) et les facultés d'Al – Azhar, on enseigne encore, d’une manière scientifique, les différents courants de pensée relatifs au Fiqh - sunnites et non sunnites, tout en respectant tous les courants : ses imams et ses adeptes.
Dans cette même perspective, qui s'étend à d'autres opinions, Al-Azhar a enseigné au monde entier ‘Ilma al-Kalam (la théologie musulmane), et toutes les sciences de la Tradition relatives à la Révélation et à la Raison (al-Naql wa al-‘Aql).
Le renouveau est une caractéristique propre à l'Islam et auquel le Prophète (pbAsl) a exhorté dans le hadith suivant : « Allah enverra à cette communauté, à chaque début du siècle, qui lui rénovera sa religion. Ce hadith est une preuve rapportée que le renouveau dans la religion est une obligation.
Quant à la preuve relative à la raison, elle consiste à reconnaître que le message de l’Islam est un message général pour tous les gens, valable pour tout moment et lieu, et que les textes sont limités tandis que les incidents sont illimités, nous devons donc adopter l'hypothèse du renouveau comme un moyen inévitable pour explorer le jugement d’Allah dans ces incidents.
Le Renouveau que nous attendons devrait suivre deux voies parallèles :
* La voie du Coran et de la Sunna - d'abord et principalement - et ensuite des trésors de la Tradition qui sont compatibles aux concepts de l'époque actuel.
Certes, on ne cherche pas un discours général dans lequel il n'y a pas de pluralités d'opinions ou de points de vue. Car un tel discours n'était connu en Islam à aucune époque de prospérité ou de faiblesse. On cherche plutôt à présenter un discours exempt de "conflit" et de déni de l'Autre, sans limiter la vérité à une seule école et éliminer les autres.
* Une voie parallèle où nous nous ouvrons aux autres, dans le but d'explorer les éléments de convergence qui peuvent être utilisés pour former un cadre culturel général dans lequel chacun se réconcilie, et dans lequel on cherche -ensemble - une formule médiane pour surmonter la maladie chronique qui draine l'énergie de tout renouveau prometteur, et entrave son succès.
Il s’agit d’après moi : 
 De la division traditionnelle à propos de "de la Tradition et de la Modernité" en :
* Un courant très attaché à la Tradition telle qu'elle est.
* Un courant occidental tournant le dos à la Tradition.
• Un courant réformiste assez faible s'affichant à peine.
Cette différence - en soi - est normale, un phénomène acceptable, mais il n'est ni acceptable ni normal que toute la situation passe d'une confrontation externe à un conflit interne laissant l'arène vide pour que des chevaliers étrangers écrasent tout le monde.
Nous avons remarqué dans les expériences du siècle dernier que les membres du premier courant pariaient qu'il est possible de vivre dans la Tradition étroite héritée des salafs, et de fermer les portes face aux vagues de la civilisation occidentale et de sa culture qui coule. Toutefois, ils se sont rapidement retirés sans préparer la société à faire face aux changements mondiaux de manière réfléchie, il en résulte que la société n’est plus préparée pour faire face à une culture occidentale répandue !
Nous pouvons en dire autant des "Occidentalisés" qui ont tourné le dos à la Tradition, n'ont pas trouvé embarrassant de se moquer d’elle et ont déclaré le boycott de la Tradition une condition inévitable de la nouveauté du renouveau et de la réforme.
En conséquence, la nation leur a tourné le dos après qu'il s'est avéré qu'ils n'exprimaient pas ses tourments et ses espoirs, et qu'ils œuvraient seuls à l'extérieur du groupe, ceux-ci ont également perdu la bataille et n'ont pas résolu l'un des problèmes de la société, sinon dire : "Ils ont compliqué les choses !".
* Quant au courant réformiste "centriste": ce courant apte à assumer la responsabilité, et digne de la mission du "Renouveau"  authentique auquel aspire la nation, et est –seul - capable de renouveler la pensée religieuse sans l'annuler ni la dénaturer, à condition qu'il évite le conflit qui draine son énergie.
Donc, il est indispensable de préparer une liste statistique des principaux problèmes qui se présentent, actuellement, sur la scène. Nous croyons que la priorité devrait être donnée aux questions qui ont formé la croyance des groupes ayant tendance au takfir, à la violence et au terrorisme armé. Ces questions sont à titre d’exemple :  (le djihad, le califat, le takfirisme, la loyauté et l’innocence, division du monde, etc.).
Je pense que la réflexion à ces questions doit être élaborée par un groupe de spécialistes et non par un seul individu, car, dans ce contexte, la réflexion individuelle n’est plus efficace vu la multiplicité des disciplines qui s’entrecroisent. 
 

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