Le Grand Imam d’Al-Azhar appelle à la création de comités réunissant d’éminents experts en éducation, pédagogie, sociologie et psychologie pour anticiper l’avenir de l’enseignement

Le professeur Ahmadal-Tayeb, Grand Imam d’Al-Azhar, a reçu ce lundi, au siège du Cheikh d’Al-Azhar, le Dr Alaa Achmawi, président de l’Autorité nationale d’assurance qualité et d’accréditation de l’enseignement, en présence du professeur Mohamed al-Doweini, vice du Grand Imam, et de la Docteure Rajia Taha, vice-présidente de l’Autorité.

Le Grand Imam a souligné que les institutions éducatives du monde arabe et islamique assument une grande responsabilité face aux campagnes de « déculturation » menées par certaines écoles étrangères et internationales, qui affaiblissent les systèmes éducatifs nationaux. Il a insisté sur la nécessité de mettre en place des comités d’experts en pédagogie, en éducation, en psychologie et en sociologie afin d’anticiper l’avenir de l’enseignement et d’éviter que, dans quelques décennies, nos pays ne soient dirigés par des esprits façonnés par une pensée occidentale dépourvue de toute valeur orientale ou arabe. Le Grand Imam a par ailleurs mis en garde contre la marchandisation de l’éducation, réduite à de simples transactions commerciales à visée lucrative, insistant sur l’importance de préserver la spécificité de l’enseignement arabe et de l’identité culturelle de la région.

Son Éminence a également attiré l’attention sur un phénomène préoccupant qui mérite une étude approfondie : la tendance de certaines familles à se glorifier de la maîtrise par leurs enfants des langues étrangères, alors que ceux-ci présentent de graves lacunes dans la connaissance des bases mêmes de la langue arabe, allant parfois jusqu’à l’incapacité de lire ou d’écrire correctement. Il a rappelé que, bien qu’il est certes nécessaire d’apprendre et de maîtriser les langues étrangères, mais qu’il convient de rester vigilant face aux messages culturels, sociaux et politiques véhiculés par certains systèmes éducatifs étrangers. Si ces derniers ne sont pas introduits de manière réfléchie et équilibrée, a-t-il averti, ils risquent d’arracher l’identité des jeunes générations, de les détacher de leur réalité nationale et de les couper des préoccupations de leur peuple et de leur communauté.

De son côté, le président de l’Autorité nationale d’assurance qualité et d’accréditation de l’enseignement a exprimé sa joie de rencontrer le Grand Imam d’Al-Azhar, et a salué les grands efforts déployés par Son Éminence pour développer et améliorer le système éducatif d’Al-Azhar.

Il a souligné que l’enseignement azharien avait connu, au cours des cinq dernières années, un essor sans précédent en ce qui concerne le nombre d’instituts et de facultés ayant obtenu les certificats d’accréditation délivrés par l’Autorité. Il a précisé que cette évaluation n’était nullement une simple formalité, mais qu’elle s’appuyait sur plusieurs critères essentiels : l’attention portée à la qualité du processus éducatif et au développement de l’esprit critique, l’état général des établissements et des infrastructures, ainsi que la mise en place de solutions innovantes pour remédier à la surpopulation dans les instituts, tout en veillant au respect et à la bonne transmission des programmes d’études.