Son éminence, le Grand-imam, le Professeur Ahmed Al-Tayeb, Cheikh d'Al-Azhar, a déclaré que nous avons parlé dans le dernier épisode du premier obstacle au renouveau, à savoir : ignorer la distinction dans notre jurisprudence islamique contemporaine entre les constantes de la charia et de ses variables. Aujourd'hui, nous parlons d'un autre obstacle qui a joué un rôle important qui gèle le mouvement du « renouveau », et la propagation des courant suscitant à l’imitation aveugle et au fanatisme. Cet obstacle est du : « au manque de distinction entre la Charia, en tant que textes divins tirés du Noble Coran, ou de la Sunna authentique, et la jurisprudence, étant les déductions et les efforts intellectuels des oulémas en dégageant des dispositions légales » et à la sacralisation des avis des anciens jurisconsultes en invoquant leurs fatwas et opinions pour résoudre les problèmes d’actualité.
De même, Son éminence a ajouté lors du dix-septième épisode de son émission « Al-Imam Al- Tayeb » au mois de Ramadan diffusée pour la cinquième année, que nos anciens jurisconsultes « fuqha » (qu’Allah soit satisfait d’eux) ont certitude qu'il s'agit des efforts intellectuels humains, non infaillibles, leurs avis ne ont pas non plus le même statut que celui des textes de la charia, (définitif ou douteux). Ces mêmes jurisconsultes n’hésitaient point à changer leurs fatwas ou leurs écoles juridiques sur lesquelles leurs fatwas ont été fondées, s’il y a du nouveau dans les affaires des musulmans qui nécessitait de changer telle ou telle fatwa, afin qu'ils suppriment les difficultés dans la religion et aient la satisfaction d’Allah au Jour du Jugement Dernier.
Cheikh d'Al-Azhar a affirmé que la Charia est constituée à partir des textes divins infaillibles, tandis que la jurisprudence est le résultat d’un effort intellectuel humain que les oulémas spécialisés dans ce domaine scientifique précis ont déduit de la loi divine infaillible. En fait, toute confusion entre la charia et la jurisprudence conduira inévitablement à la déification des humains et à la sacralisation de la pensée humaine. Bref, il est permis de dire que la Charia est divine, tandis qu’il est impossible de dire le fiqh divin. On dit: « Allah est le Législateur pour ces dispositions ». Et on ne dit pas qu’Allah, le Tout-Puissant est un jurisconsulte. »
Son éminence a indiqué que la Charia est constituée des textes sacrés, tandis que les déductions des oulémas qu’ils soient jurisconsultes, théologiens, exégètes, spécialistes dans les sciences des hadiths ou mutaklimins sont des connaissances humaines, ou un héritage qu’on peut en tirer profit ou non. Ainsi, ces déductions qui ont été disponibles pour les musulmans au cours de quinze siècles sont appelés « l'héritage » ou « tradition des musulmans. », dont le sens est général, puis on se spécialise, on peut dire : le patrimoine jurisprudentiel, linguistique, littéraire, etc.
Le Grand imam a précisé la distinction entre la Charia et la tradition développée autour d'elle, ne signifie que nous trouvons le dos au patrimoine jurisprudentiel ou nous sous-estimons nos grands jurisconsultes qui sont jusque maintenant un sujet de respect, d'appréciation et de révérence dans les couloirs des universités européennes, américaines, russes, japonaises, et d'autres universités qui reconnaissent la valeur de la science et le statut des savants. Son éminence, Cheikh Al-Azhar a précisé que lorsque nous faisons la distinction entre la Charia et la jurisprudence, nous n'entendons pas la remplacer par des éléments étrangers : occidentaux ou orientaux qui contredisent sa nature, ses finalités et son logique. Au sujet de la tradition, nous partageons nos grands anciens oulémas le même objectif. Ils ont considéré la tradition comme une formidable production scientifique et culturelle qui a joué un rôle très important dans la construction de la civilisation des musulmans et sa diffusion entre Orient et Occident. Mais ils ne l'ont pas considéré comme un héritage infaillible.
De sa part, Son éminence a souligné que on ne peut pas accepter toute la tradition musulmane, et on ne pas non plus rejeter toute la tradition des musulmans comme pensent certains imprudents qui n'ont aucune connaissance de la valeur importante de cette tradition. Certes, notre tradition ne peut pas faire face à tous les problèmes propres à ère. Mais, elle n’est pas non plus incapable d’être utile à son égard. Par conséquence, la focalisation de nos ancêtres sur le renouveau dans notre tradition exige sa continuité et sa présence pour en profiter même si l’on est obligé d’annuler quelques éléments pour les remplacer par d’autres selon les besoins et l’intérêts des sociétés musulmanes.
Cheikh Al-Azhar a affirmé que le renouveau durable dans la tradition vise essentiellement la survie l'Islam en tant que religion vivante en mouvement qui répand la justice, la miséricorde et l'égalité entre les peuples.
Et lorsque la tradition se sert du « renouveau » comme outil ou mode d'expression pour s’exprimer, elle ressemble à un courant d’eau qui coule et à une rivière torrentielle qui ne cesse de couler. Sinon il se transformera en quelque chose comme l'eau stagnante qui fait plus de mal que de bien. Il convient de signaler que ceux qui se croient capables d'affronter les évolutions en rappelant simplement des règles toutes faites de traditions des siècles passés, ils abusent sciemment ou non de la nature de ce grand héritage, dont je ne pense pas qu'un autre héritage ait été connu à son sujet auparavant. J'entends ici la capacité de se déplacer pour suivre le rythme de la réalité renouvelée depuis quinze siècles, et de l’associer au discours divin.
Son éminence, le Grand-imam a conclu que la tradition est un écho des textes de la révélation divine qui ont été comprisse d'une certaine manière à une époque déterminée. Par conséquent, si la méthode d'inspiration du texte diffère, la tradition sera en mouvement, et si la méthode n’a pas évolué, la tradition devient figée, alors la faute n’est pas au Texte mais plutôt à la tradition stagnante. Le Grand imam a montré que la confusion entre la jurisprudence et la charia conduit à tomber dans l'imitation aveugle et à l’utiliser comme approche immobile dans la recherche de solutions à nos problèmes contemporains. Ce fléau a, en fait, dominé la culture musulmane dans plusieurs de ses manifestations. Nous cherchons encore dans les opinions des anciens des réponses qui ne correspondent pas aux questions du vingt et unième siècle. Nous avions choisi probablement l'opinion la plus critique et la plus difficile, et nous l’avions propagé avec ses détails dans le but d’être différent et de confirmer la loyauté à des agendas, des courants et des écoles... Cette méthode ne révèle rien de la grandeur de la tradition ni de sa vitalité, capable de produire de nouvelles manifestations des textes, qui déduisent des dispositions répondant à des besoins émergents différents des besoins anciens. Finalement, il a souligné que l'immobilité est une des caractéristiques de la mort. En revanche, le mouvement est la première caractéristique de la vie, et que le Noble Coran a déploré dans plusieurs de ses versets l'imitation aveugle et les imitateurs.