Le grand Imam, Professeur Dr. Ahmad Al-Tayeb, Cheikh Al-Azhar Al-charif, a poursuivi aujourd’hui son discours sur la question du renouveau, dans le dix-neuvième épisode du programme intitulé « Al-Imam Al-Tayeb ». Il a commencé l’émission en disant : «au sujet du renouveau de « la pensée musulmane » en général, et de celui de la « pensée jurisprudentielle » en particulier, je ne prétends pas être le pionnier, ni le leadership non plus. Tout ce que je revendique à cet égard c’est : le souci constant qui m’a accompagné depuis les débuts de mon éducation élémentaire jusqu’à présent. Je ne dirais pas que ce souci concernait des nouveautés sociales ou économiques qui cherchent une adaptation convenable avec la charia, mais plutôt des héritages traditionnels n’ayant ni rapport avec la religion ni relation avec la charia. Il s’agit de ces faux héritages qui dominent la vie des gens, contrôlent leur comportement et laissent des effets négatifs dans le domaine de la femme, la hiérarchie sociale, l’égalité entre les gens ainsi leur préjudice qui touche de près le domaine de la sociologie en général. Son éminence a ajouté dans son émission « Al-Imam Al-Tayeb », diffusée pour la cinquième année sur les chaînes satellitaires égyptiennes et arabes : j’ai été hanté par cette inquiétude chaque fois que les paradoxes sociaux la suscitaient et à qui nous ne trouvons pas d’explication ni au niveau de la charia ni au niveau du progrès humain. Et nous – les jeunes d’Al-Azhar – nous n’avons jamais pensé que la charia était un jour responsable de ces mauvaises habitudes. Car nous étions pleinement conscients de ce qui était inclus dans les cursus des sciences de jurisprudence, de l’exégèse, du hadith et les sentences qu’elles comportent. Etant donné que beaucoup de ces verdicts ne sont pas appliqués dans notre vie ; elles sont plutôt des sources délibérément employées en faveur des coutumes et des héritages de l’ignorance qui les ont remplacées pour diriger les sociétés depuis assez longtemps. Il est donc injuste que la « charia » soit jugée responsable de ce que n’existe pas dans ses directives et prescriptions, même si nous les trouvons enracinées dans le comportement des musulmans en Orient comme en Occident. Ensuite, le Grand Imam a commencé à parler du renouveau en confirmant que tout récemment les médias en ont beaucoup discuté. Mais le sujet du renouveau est devenu ambigu à cause la façon de sa présentation et des interventions des non-spécialistes dans la matière. De telle sorte que le sujet était presque présenté aux gens comme si la tradition était le premier responsable de toutes les crises du monde arabe : sur le plan sécuritaire et politique. En outre, nous avons entendu des voix appelant à l’abolition totale et détaillée de la tradition, et d’autres voix exigeant le retour à ce qu’étaient le cas des ancêtres de la Oumma et les premiers croyants, dans les trois premiers siècles de l’Islam et de faire table rase à tout ce qui est autre. A ce propos, le Grand Imam a confirmé : afin que notre défense soit bien documentée, permettez –moi de remonter dans le temps vingt ans, plus précisément en juin 2001 où s’est tenue une Conférence Internationale sur le renouveau de la pensée musulmane, organisée par le Ministère des Dotations (Waqf). C’était à l’époque où notre honorable professeur, Mahmoud Zaqzouq, son Ministre responsable, qu’Allah lui fasse miséricorde. En fait, c’était lui, qui avait été le premier à ouvrir le dossier du renouveau de la pensée muslmane après le cheikh Shaltout et le docteur Muhammad Al-Baheiy. Il a organisé une Conférence Internationale qui a réuni des savants de différents pays du monde musulman. J’ai participé à cette conférence – à la même période– avec une recherche intitulée « la nécessité du renouveau » ; j’y tenais à diagnostiquer le problème, à présenter les obstacles qui entravent la voie du renouveau. J’ai souligné que le danger de ces obstacles réside dans : les fatwas archaïques et inutiles actuellement, ainsi que la promotion des fatwas erronées généralement émises par des personnes qui ignorent l’Islam, ses sciences et sa tradition. Ceux-ci jouent un rôle conçu d’avance en vue de déformer les valeurs sacrées des musulmans. Son Eminence a développé : puis, la destinée m’a conduit à présider Al-Azhar, le 20 mars 2010. A peine quelques mois passés, le monde arabe est entré dans une zone noire, suite à quoi, il a perdu la capacité de déterminer la bonne direction…Cependant, dans cette atmosphère opaque, Al-Azhar a pu – par la seule grâce de Allah le Très-Haut – jouer un rôle national à travers lequel, il a réuni des savants, des penseurs, des écrivains, des journalistes, des professionnels de médias ainsi que les grands oulémas. Ceci afin de discuter les préoccupations de la nation et de publier des documents qui aident les responsables dans leur devoir de préserver l’unité du pays et de le protéger de se glisser- comme c’était le cas d’autres pays - dans les guerres civiles suivies de destruction, de dévastation et enfin demander le secours auprès des puissances étrangères. Le grand Imam d’Al-Azhar a ensuite expliqué que le premier Document portait sur l’avenir de l’Egypte, le second sur le soutien de la volonté des peuples arabes et le troisième sur les quatre libertés fondamentales : la liberté de conscience, la liberté de la recherche scientifique, la liberté d’opinion et d’expression et la liberté de la créativité littéraire et artistiques ainsi que d’autres Documents publiés sous forme de « déclarations Al- Azhar ».
Comme d’habitude, je m’interrogeais : comment pourrions-nous appeler ce rôle de leadership national qu’Al-Azhar a joué et auquel il a participé au cours des événements de la nation en la protégeant contre les harceleurs à l’intérieur et à l’extérieur ? Devrions-nous appeler cela une réalisation dans la profondeur du processus de « renouveau », ou devrions-nous l’appeler une activité « de Daëch » comme le prétendent les traîtres et ceux qui ont une maladie dans le cœur ?
En concluant l’épisode dix-neuvième, le Grand Imam a énoncé quelques échantillons tirés des Documents d’Al-Azhar indiquant le rôle national et innovant de cet établissement dans ces circonstances difficiles ; il en a cité ce qui suit : soutenir la fondation d’un Etat de droit national et constitutionnel basé sur la démocratie moderne, qui s’appuie sur une constitution admise pour la nation ; souligner que l’Islam ne connait pas dans sa législation , ni dans son histoire , ce qui est connu dans d’autres cultures comme un Etat religieux , qui a dominé les gens, et l’humanité en a souffert à de nombreuses phases de l’histoire ; s’engager au système de libertés fondamentales dans la liberté de pensée et d’opinion avec le respect complet des droits de l’homme, de la femme, et de l’enfant en soulignant le principe de pluralisme et le respect des religions divines, et considérant la citoyenneté comme une source de responsabilité dans la société ; le plein respect de l’étiquette de la différence et de l’éthique du dialogue et la nécessité d’éviter le blasphème, la trahison et la manipulation de la religion pour créer la discorde, l’antagonisme et l’hostilité entre les citoyens, tout en tenant compte de l’incitation aux conflits sectaires et les appels racistes comme un crime contre la patrie.