Des philosophes et Des penseurs prévoient un danger écrasant pour l'humanité à cause du progrès matériel et de la décadence morale. La déception qui était à son comble au XXe siècle, est un témoin des carnages sanglants sans précédent. Le progrès technologique dans l'industrie des armes manquait de normes morales capables de mettre l’homme sur la voie appropriée.

Son éminence le Grand Imam d’al-Azhar, Professeur Ahmad al-Tayeb dit : « Malheureusement, progrès matérialiste, qui distingue le siècle dernier, qu’on considère comme l’un des acquis les plus importants de l’humanité tout le long de son histoire et grâce auquel on préfère ce siècle aux autres, n’était pas accompagné d’une évolution sur le plan éthique et humain. C’est l’aspect que nous devons prendre en compte afin de permettre à l’humanité de rectifier sa trajectoire et de corriger son comportement surtout dans un moment où le bien et le mal se confondent au niveau de la pensée et où le bon et le mauvais se mêlent au niveau des actes. »

Lors de son discours à la conférence de l'Université d’al-Azhar : « Le changement climatique : Défis et Confrontation. », le Grand Imam ajoute que « Face à cette situation paradoxale gérant l’ajustement de la relation entre le progrès matériel et le recul moral dans la civilisation de l’homme moderne, les philosophes et les intellectuels ont prévu un danger ravageur qui menace l’humanité tout entière et pourrait la ramener aux époques de la Préhistoire. Beaucoup d’entre eux ont prévenu que ce danger s’était apparu au début du XIXème siècle. Ce siècle fut celui de l’évolutionnisme (théorie de l’évolution des espèces) et de la théorie de l’explosion des connaissances et des autres écoles philosophiques sous ses différentes formes. Il était aussi le siècle de la révolution contre les injustices sociales et les facteurs du recul humain. » En revanche, conclut-il, « il était le siècle où le monde avait connu l’expansion colonialiste aux dépens de certains peuples pour dominer leurs ressources, voler leurs richesses et détruire leurs valeurs et leurs constantes. Il était également le siècle où « la science », de par son objectivité et sa neutralité, a été exploité pour servir la colonisation et les conflits politiques. »  

Son éminence, le Grand Imam confirme, d’ailleurs, qu’au cours de ce siècle les appels scientifiques suspects qui promouvaient, à cette époque-là- dans ce siècle le privilège des races nordiques et leur supériorité scientifique et civilisationnelle à toutes les autres races. Ces appels estimaient aussi que la race aryenne a seul le mérite de toutes les réalisations scientifiques, culturelles et civilisationnelles hier et aujourd’hui et que l’Amérique, elle-même, comme le dit le grand écrivain de la littérature arabe moderne, al-Aqqad, « ne manque pas d’avoir de tels défenseurs. Pourquoi pas ? Elle était un champ de conflit entre les races blanches, rouges et noires et un terrain de vantardise entre les pères et mères immigrés eux-mêmes qui appartenaient à de différentes races comme les Saxons, les Latins et les nations du nord et du sud. » 

Son éminence le Grand Imam indique également qu'Avec l’avènement du XXème siècle, on a prévu que le progrès scientifique, philosophique et culturel est capable d’éduquer l’homme, d’affiner la morale et de raffiner les sentiments et suffit pour mettre fin à la prédominance, à la domination et à l’intimidation des autres. Mais, la déception était plus sévère et plus amère qu’avant. À peine avant sa moitié, l’histoire sanglante de ce siècle a connu le déclenchement de deux grandes Guerres Mondiales faisant 80 millions morts parmi les meilleurs jeunes hommes et les jeunes femmes sans justification admise ni par la logique ni par la raison si ce n’est la déviation de la pensée, le manque de conscience, l’arrogance de l’égoïsme ou les tendances ethniques et la suprématie raciale en Europe.  Ce qui est pire encore est l’irruption de la dissuasion nucléaire pour être la nouvelle horreur et permettre à une minorité riche de s’accaparer des richesses de la majorité écrasante pauvre. 

 Le Grand Imam a précisé : « le XXIème siècle qui commence par une politique colonialiste nouvelle, violente et sévère. Je crois que nul ne pourrait contester que nous, les arabes et les musulmans, en sommes les victimes et assumons ses mauvaises conséquences pour vivre enfin une réalité triste mêlée au sang, à la poussière, aux larmes et à la destruction. » 

Son éminence le Grand Imam rappelle une vérité incontestable que beaucoup de sages en Orient et en Occident ont soulignée.  Cette vérité est la suivante : Malheureusement, le progrès scientifique ne va pas de pair avec le progrès moral et le développement technologique surtout en matière d’industrie des armes de destruction massive. Il devient ainsi vide de toute valeur capable de le guider vers la juste voie et lui donner un aspect humain. Le Grand Imam estime que le progrès, les guerres deviennent de plus en plus acharnées.  Alors, le progrès scientifique et le déclenchement des guerres sont deux concurrents. Comme dans la course des chevaux, chaque cavalier ne tarde pas à rattraper et à dépasser l’autre.

Les sessions de la conférence tenue par l'Université d’al-Azhar, la troisième conférence scientifique pour l'environnement et le développement durable, se tiennent samedi, dimanche et lundi sous le titre : « Changement climatique : Défis et Confrontation. », du 18 au 20 décembre 2021, dans la salle al-Manarah à al-Tajam‘ al-Khamis. Cette conférence reflète l’intérêt accordé par al-Azhar à l’organisation d’un certain nombre de conférences, de forums et d’ateliers de préparation à la Conférence des Nations Unies COP27 qui se tiendra à Charm el-Cheikh en Egypte en novembre 2022.