Le Cheikh d'Al-Azhar depuis la Malaisie : « Oser d’accuser de mécréance, de perversité et d’innovation hérétique est susceptible de détruire la société islamique si l’on ne y fait pas face par la compréhension correcte.

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Le Cheikh d'Al-Azhar souligne depuis la Malaisie : « La médianité de l'islam est la solution la plus efficace pour combattre le phénomène de l'excommunication, de l'infidélité et de l'innovation. »
L'Imam Al-Akbar depuis la Malaisie : « La méthode d'Al-Azhar inculque dans les esprits de ses étudiants la véritable essence de l'Islam à travers une traduction authentique de la nature du patrimoine islamique. »
Son Éminence, Le Grand Imam Al-Azhar, a souligné que la tendance à oser, par certains, d’accuser les autres de mécréance, de perversité et d’innovation hérétique de manière à rendre licites sans une raison légale, la vie des personnes, les honneurs et les biens, constitue une menace sérieuse pour la société islamique, risquant de la détruire et d'attaquer ses fondements, si l’on n’y fait pas face par la compréhension correcte et un savoir pur et explicite. Pour lui, la solution la plus efficace pour endiguer cette tendance est de s'en tenir à la caractéristique majeure de la grande communauté islamique, à savoir le juste-milieu. Il s’agit d’une médianité intellectuelle entre ceux qui jugent en fonction de la raison même si cela va à l'encontre des textes évidentes et indiscutables, et ceux qui négligent son rôle central et légal dans la réflexion sur les textes et la compréhension de leurs significations. Cette médianité se manifeste également dans l'origine de la législation musulmane et son objectif dans la mesure où l'Islam est la religion du juste-milieu dans sa législation, son système juridique et social. Un des aspects les plus évidents de la médianité est ici l'équilibre entre l'individuel et le collectif. 
 
Et lors de son discours à la cérémonie organisée par l'Université islamique des sciences en Malaisie (USIM) à l'occasion de la remise de son doctorat causa honoris en études coraniques et des hadiths, le Cheikh d'Al-Azhar a souligné que les manifestations de cet équilibre nécessaire  se situent aujourd'hui dans l'espace médian entre ceux qui sacralisent la tradition même si elle contient des lacunes humaines, et ceux qui rompent à la tradition même si les subtilités de la guidance divine s’y manifestent. Cet équilibre se trouve également entre le littéralisme qui s’attachent uniquement et scrupuleusement au sens apparent du Texte et l l'hermeunétisme qui exagèrent en abordant les significations des Textes de la Révélation, des sources religieuses, et de leurs limites. Cela faisant, cette dernière tendance fait perdre à ces Textes leurs significations, et y désactive les sources de la guidance et de l’orientation, tout en ignorant l'approche qu’ont adoptée les musulmans lorsqu’ils abordaient leur tradition riche dans la mesure où ils traitaient la religion en tant que Textes, leur  esprit et leurs finalités surtout avant de voir apparaitre une situation où beaucoup d'entre nous s’attachent uniquement au sens apparent de certains textes et ne dépassent pas la compréhensions de ses prédécesseurs en les abordant comme d’ils abordent le Texte infaillible bien qu’ils soient susceptibles d’être compris de manière renouvelée et d’être lus attentivement tout en ayant conscience de ses objectifs et de ses finalités pour éviter au musulman de se sentir aliéné ou de subir une certaine schizophrénie entre sa pensée et son comportement.
 
Son Éminence, le Grand Imam, a également souligné que la méthode éducative de l'Azhar - depuis ses débuts - veille à inculquer  dans l'esprit et la conscience des étudiants une véritable image de l'Islam à travers une traduction sincère de la nature et de l'essence de la tradition  islamique, dans ses trois dimensions à savoir : la Révélation, la raison, la dégustation. Il a expliqué comment ces trois dimensions se fondent harmonieusement dans la nature de la « formation académique à Al-Azhar, » à travers l'étude des sciences de la Révélation, de la raison et de la dégustation.
 
Cette méthode représente la médianité de l'Islam, qui est le trait caractéristique inhérent à cette religion de droiture. Il représente également une compréhension équilibrée et modérée des textes du Coran et de la Sunna, ainsi que les développements scientifiques, intellectuels et spirituels qui en découlent. Une telle compréhension réalise l’harmonie entre les principes immuables de la législation et les changements de l'époque, à travers un effort intellectuel structuré (ijtihād) qui respecte les constantes de la religion et ses finalités, tout en restant ouvert aux nouvelles réalités émergentes.
 
De même, son Éminence le Grand Imam a abordé les questions du tajdīd (renouveau) en soulignant que la réalité actuelle des musulmans pose une grande question sur les conséquences prévues de la voie du tajdīd et dans quelle mesure il atteint ses objectifs dans l'efficacité du renouveau en général. Parmi ses raisons principales, nous citons l’incapacité de distinguer pratiquement entre les constantes et les variables dans la religion. Car, il est largement admis par tous les musulmans que l'Islam comprend des principes immuables ainsi que des variables qui ne cessent d’évoluer. Dans le domaine des principes immuables, l’Islam a établi des règles définitives et intemporelles qui ne sont affectées ni par les fluctuations du temps ni par les progrès technologiques, et qui sont applicables aussi bien à l'ère des avancées technologiques qu’à l'ère de l'espace, tout comme elles l'étaient à l'époque du désert et des caravanes.
D’ailleurs, le Cheikh d'Al-Azhar a souligné qu’en matière de variables, les gens accueillent des principes généraux, des formulations flexibles et des suppositions larges qui peuvent être adaptées à la réalité de différentes manières selon l'évolution des conditions de vie, de ses relations, ainsi que des connaissances de l’homme et de ses expériences.  Son Éminence a précisé que les constantes de la religion, qui n'admettent aucun changement, sont la croyance, les cinq piliers de l'Islam, tout ce qui est établi par un texte explicite et indiscutable concernant les interdictions, les principes moraux fondamentaux, ainsi que ce qui est établi par des preuves définitives en termes de statut personnel comme le mariage, le divorce, l'héritage et les transactions. Il a aussi signalé que la dualité entre les constantes  et les variables dans le message de l'Islam révèle l’aspect miraculeux ce message et qu'il est véritablement la religion de la nature primordiale de l’homme, fiṭrah.
D’ailleurs, l'Université islamique des sciences de la Malaisie (USIM) a décerné le doctorat causa-honoris en études coraniques et prophétiques à Son Éminence le Grand Imam Pr. Dr. Ahmed al-Tayeb, Cheikh d'Al-Azhar, chef du Conseil des sages musulmans. La distinction lui a été remise par Son Altesse Royale Tun Ku Ali Redhauddin, Prince héritier de l'État de Negeri Sembilan en Malaisie, en présence de Son Excellence Datuk Seri Anwar Ibrahim, Premier ministre de Malaisie, ainsi que du Professeur Mohammad Redzuan Othman, recteur de l'Université islamique des sciences de Malaisie (USIM), accompagnés de ministres, de savants, de professeurs, de chercheurs et d'étudiants malaisiens.
 

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