Le Grand Imam appelle à la solidarité avec Gaza, en raison des liens de sang, de parenté et d'un destin commun.
« Les vertus prophétiques » sont éternelles, inépuisables et illimités. »
Le Prophète ﷺ a incarné la vertu de la miséricorde dans tous ses actes envers les êtres humains et toutes les créatures. Muhammad ﷺ était une miséricorde pour les êtres humains, même dans les contextes de guerre, de combat et de conflits armés. Dans l'Islam, les combattants ne peuvent pas faire qu’en réponse à une agression contre leur vie, leur religion, leur honneur ou leur terre. Les dirigeants musulmans et leurs commandants en chef ont appliqué cette « vertu » et l’ont inscrite dans le droit de la guerre de manière sans pareille dans l’histoire de l’humanité, sauf dans les combats où les musulmans étaient directement impliqués.
Le Cheikh d'Al-Azhar présente les règles de conduite de la guerre en Islam et affirme : « C'est un modèle humain élevé qui ne peut être comparé à ce que nous voyons, comme les génocides, les massacres barbares et les crimes horribles perpétrés contre les innocents à Gaza.
Le monde civilisé et puissant est resté silencieux, tel un tombeau, face aux souffrances et aux cris des peuples opprimés.
Le Cheikh d'Al-Azhar appelle à un renouveau de la conscience de la Ummah, à une fierté pour son histoire riche et pour ses capacités matérielles et spirituelles.
Son Éminence, le Grand Imam Pr. Ahmed Al-Tayeb, Cheikh d'Al-Azhar, a affirmé que « Celui qui médite sur les qualités du Messager d’Allah, Muḥammad ﷺ, se trouve face à une immensité telle qu’il ne sait par où commencer ni par où finir. Il est déconcerté, ne sachant quelles qualités de cette noble et majestueuse figure retenir et lesquelles omettre... et comment le pourrait-il ? En vérité, Allah a Lui-même décrit la grandeur de son caractère en ces termes dans Son noble Livre : « Et tu es certes, d’une moralité éminente » (Sourate al-Qalam (La Plume), v. 4). » De plus, son épouse, la Mère des croyants Aïcha, lorsqu'on l'a interrogée sur ses qualités, a répondu : « Son comportement était le Coran. » Cela montre qu'elle – qu’Allah l’Agrée- a saisi la grandeur de ce caractère prophétique, ainsi que la difficulté de le décrire en termes de quantité, d'énumération ou d'exhaustivité. Elle a donc renvoyé aux qualités du Coran, mettant ainsi en lumière l'harmonie parfaite entre celles-ci et celles du Prophète ﷺ. Cela signifie que tout comme le caractère coranique n'a pas de fin dans sa beauté et sa perfection, le « comportement prophétique » n'a ni limites à sa splendeur et à ses vertus, ni à son ampleur et à sa capacité à embrasser l'ensemble des mondes.
Lors de son discours prononcé à l'occasion de la célébration de l'anniversaire de la naissance du Prophète ﷺ, tenue au Centre international de conférences Al-Manara dans le cinquième arrondissement, et organisée par le Ministère des Waqaf en présence de Son Excellence le Président Abdel Fattah El-Sissi, Président de la République arabe d'Égypte, le Cheikh d'Al-Azhar a expliqué que cette similitude montre pourquoi le Prophète ﷺ de l’Islam a reçu un message différent de tous ceux qui l'ont précédé, car il clôt les révélations antérieures et se présente comme un message universel. Il s’adresse à tous, qu’ils soient humains ou djinns. À la différence des messages précédents, qui étaient destinés à un peuple particulier, à une époque précise, et à un espace bien défini, le message de Muḥammad ﷺ transcende le temps et l’espace.
Son Éminence a expliqué que « si la moralité de Muḥammad a varié en nombre, en statut, en rang élevé, et en perfection au point que nous l’avons décrit comme un « être humain parfait », l’une de ses qualités se distingue particulièrement, car elle est mentionnée dans le noble Coran. Il s’agit de la « miséricorde », attribuée au Prophète ﷺ dans le dernier verset de la sourate al-Tawbah (Le Repentir), qui évoque les bienfaits dont Allah a gratifié les croyants en leur envoyant un messager issu d’eux. Allah le décrit comme veillant à les guider sur le Droit Chemin et comme se montrant « compatissant et miséricordieux » envers les croyants. De même, cette « miséricorde » est mentionnée dans le verset n°107 à la fin de la sourate al-Anbiā’ (les Prophètes) : « Nous t’avons envoyé qu’en miséricorde à tous les mondes. » La restriction utilisée dans le verset (l’association de la négation (ma) à la particule « illā) indique que ce Messager incarne effectivement tous les aspects de la miséricorde de sorte qu’elle devient un caractère inhérent à ses sentiments, enracinée dans son for intérieur et régissant tous ses actes. »
Le Cheikh d'Al-Azhar a poursuivi en affirmant que le Prophète ﷺ a confirmé cette qualité dans sa Sunna en disant : « Je ne suis qu’une miséricorde offerte. » Il l’a en effet manifestée dans son comportement envers les êtres humains et toutes les créatures. Tous ses actes étaient imprégnés de cette « miséricorde » avec laquelle Allah l’avait façonné, adoucissant ainsi son cœur. Cette miséricorde fut l’une des raisons les plus puissantes qui ont conduit de nombreux polythéistes à embrasser l’Islam.
À ce sujet, le noble Coran dit : « C’est par Miséricorde de la part d’Allah que tu as été si doux avec eux. » En réalité, Il faisait preuve de miséricorde envers les êtres humains même dans des situations où celle-ci pourrait être perçue comme de la peur ou de la lâcheté plutôt que du courage et de l’audace. Cela se manifestait particulièrement en temps de guerre, lors des combats et des conflits armés entre nations et peuples.
Son Éminence a souligné que L’une des manifestations de cette miséricorde prophétique en temps de guerre est que la charia de l’Islam n’autorise les musulmans à faire la guerre qu’en réponse à une agression menaçant leur vie, leur religion, leurs territoires, leur honneur, leurs biens, ou tout autre élément que l’on appelle « agression » au sens le plus large du terme. Dans la charia, le combat, la guerre contre l’ennemi ou le conflit armé sont des sujets d’une importance capitale, régis par des règles et des législations établies par Allah et mises en œuvre par Son messager lorsqu’il dirigeait lui-même les armées musulmanes dans leurs batailles. Il a également ordonné à sa Ummah de respecter ces règles chaque fois que les circonstances l’obligent à affronter l’ennemi.
Le Cheikh d'Al-Azhar a expliqué que « la justice » est la première règle qui retient notre attention et occupe une place si importante dans la charia qu’Allah nous a enjoints de la respecter dans notre comportement aussi bien envers les amis qu’envers nos ennemis. À ce propos, le noble Coran dit : « Combattez pour la cause d’Allah ceux qui vous combattent et ne transgressez pas, car Allah n’aime pas les transgresseurs. » (Sourate al-Baqarah (la Vache), v.190).
Cette règle de la justice repose sur un autre principe fondamental : « le principe de la réciprocité », qui consiste à éviter de renoncer à la justice et à ne pas céder à l’injustice ou à l’agression envers les autres. C’est ce que révèlent les versets coraniques suivants :
« Si vous sanctionnez, sanctionnez de la même façon que vous aurez été sanctionnés et, certes, si vous patientez ce sera mieux pour ceux qui patientent. » (Sourate al-Naḥl (les Abeilles), v.126).
Son Éminence a poursuivi en affirmant que les règles générales de l’Islam en matière de combat sont le respect du principe de « vertu » et celui de « bienfaisance » qu’Allah a prescrit envers à la fois les êtres humains et les animaux. Les dirigeants musulmans et leurs commandants en chef ont appliqué cette « vertu » et l’ont inscrite dans le droit de la guerre de manière sans pareille dans l’histoire de l’humanité, sauf dans les combats où les musulmans étaient directement impliqués. Voici Abū Bakr, le premier calife après la mort du Prophète ﷺ, qui fait ses adieux à son chef d’armée destiné à la Grande Syrie (le Levant) en disant : « Je vous recommande de craindre Allah et de ne pas désobéir. Ne commettez pas de fraude (par exemple le détournement du butin de guerre) et ne soyez pas coupable de lâcheté ! Ne détruisez pas un lieu de culte, c'est-à-dire, « une église ou un temple ».
Le Grand Imam a également souligné qu’n abordant la question de la guerre en Islam, il est essentiel de mentionner, même brièvement, l’image des « prisonniers de guerre » dans les conflits auxquels participent les musulmans. La jurisprudence du « prisonnier de guerre » en Islam tourne uniquement autour de deux options déterminées par le noble Coran dans le verset : « Lorsque vous affronterez les incroyants, [au combat, foncez sur eux et] tranchez-leur le cou jusqu’à la reddition. » La première option est « al-mann », qui consiste à libérer gracieusement le prisonnier de guerre sans demander de rançon. La deuxième option est de le libérer contre une rançon payée par lui-même ou par quelqu’un d’autre. En outre, les musulmans ne sont pas autorisés à tuer les prisonniers de guerre. Les sentences jurisprudentielles exigent également de nourrir le prisonnier de guerre, de faire preuve de bienveillance à son égard, de le protéger de la chaleur et de la froideur, de lui fournir les vêtements et couvertures nécessaires, de repousser tout ce qui peut leur nuire et de « respecter leur position et leur dignité personnelle selon le statut de chacun d'eux » En agissant ainsi, nous devons nous inspirer de l’appel du Prophète ﷺ à être doux envers tous les êtres humains comme le confirment explicitement les hadiths suivants :
- « Allah est Doux et Il aime la douceur en toute chose. » Elle a aussi relaté que le Prophète a dit : « Allah est Doux et Il aime la douceur. Il octroie, en contrepartie de la douceur, ce qu’Il n'octroie pas en contrepartie de la rudesse ou de quoi que ce soit d’autre. »
- « Restez indifférents aux méfaits des gens dignes et pieux. »
Son Éminence a expliqué : « Après ce que nous avons présenté sur la guerre en Islam, même de manière succincte, je pense qu'il n'est pas nécessaire de comparer ou de faire un parallèle entre la conception de la guerre selon la charia islamique, avec son modèle humanitaire noble, et l'image hideuse de la guerre moderne au XXIe siècle. Cette situation a conduit à des génocides, à des massacres barbares et à des crimes ignobles commis contre les peuples opprimés, face auxquels le monde fort et civilisé reste indifférent, gardant un silence total sur leurs souffrances. Ce monde se contente de consoler ces peuples misérables avec des paroles creuses de condoléances, dénuées de véritable soutien, ou avec des sentiments froids qui évoquent ceux d'un tueur assistant aux funérailles de la victime qu'il a lui-même tuée, acceptant même les condoléances en son nom. Ainsi, la comparaison dans ce contexte est trompeuse et fausse toutes les conclusions qui pourraient en découler. »
Le Cheikh d'Al-Azhar a conclu : « Il nous suffit de comprendre à nouveau qu'il n'est pas rationnel de comparer le bien au mal, la beauté à la laideur, la vertu au vice, ni la loi de la jungle aux forêts. La leçon que nous devons nous rappeler avec le renouvellement de la commémoration de la naissance du Prophète est la suivante : « nous devons continuer à sensibiliser la Ummah à son identité, à son histoire prestigieuse et honorable, à ses capacités aussi bien matérielles et spirituelles ainsi qu’à ses potentialités créatrices. Cette Ummah doit être sûre qu’elle possède le remède à ce mal si elle le veut et se préparer à le mettre en œuvre. Elle ne doit pas oublier le hadith suivant du Prophète ﷺ : « Les différentes communautés sont sur le point de se regrouper contre vous comme se regroupent les gens qui mangent autour d’un plat … » Elle doit intensifier les efforts pour montrer notre solidarité envers les enfants de Gaza, ses femmes, ses jeunes, ses personnes âgées, ainsi qu’envers les peuples du Soudan, du Yémen et d’autres pays encore. Une telle attitude n'est pas une faveur que nous rendons à ces peuples frères opprimés, mais un devoir dicté par la parenté religieuse, les liens de sang et le destin commun. »