Son Éminence le Professeur Ahmed Al-Tayeb, Cheikh d’Al-Azhar et Président du Conseil des sages musulmans, a déclaré que les savants s’accordent à dire qu’il n’y a pas de synonymie parfaite dans les Noms sublimes d’Allah, chaque Nom possédant des attributs et des caractéristiques qui lui sont propres, même s’il peut exister une certaine similarité entre eux. Par exemple, les Noms Ar-Razzāq (Le Grand Pourvoyeur) et Al-Muqīt (Celui qui accorde la subsistance) ont une certaine proximité de sens, mais chacun a sa spécificité et son effet distinct. Le Nom Ar-Razzāq s’applique à toutes les formes de subsistance : argent, logement, santé, pluie, bienfaits divers, etc. Quant à Al-Muqīt, il renvoie spécifiquement à la notion de nourriture vitale (qūt), qui varie selon le récepteur : pour les corps, il s’agit de la nourriture matérielle ; pour les âmes, de la connaissance et du savoir ; pour les anges, du rappel et de la glorification d'Allah, comme l’indique le verset : « Ils célèbrent Sa gloire nuit et jour, sans jamais se lasser » [Sourate Al-Anbiā’, 20]. Le qūt peut donc désigner, au sens propre, la nourriture physique, ou, au sens figuré, la science, la connaissance et le tasbîh (la glorification).
Lors de la dixième émission de son programme ramadanesque « Al-Imam Al-Tayeb » (édition 2025), le grand imam a expliqué que le serviteur a une part dans le Nom divin « Al-Muqīt » (Celui qui accorde le nécessaire), à travers l’imitation vertueuse des attributs de ce Nom, dans la mesure permise par sa nature humaine. Il a précisé que la part du croyant dans ce Nom consiste à subvenir aux besoins des affamés et des nécessiteux, en leur donnant de sa nourriture, de ses biens et de ses ressources, et en ne les abandonnant pas à l’humiliation de la demande, s’il est en mesure de leur venir en aide. Et s’il possède le savoir, alors sa part est de nourrir les esprits et les âmes par la connaissance et la sagesse qu’il détient. C’est là le sens profond des paroles prophétiques rapportées dans le hadith admirable du Prophète ﷺ : « Celui qui a une monture en surplus, qu’il en fasse profiter celui qui n’en a pas ; et celui qui a plus de provisions qu’il n’en faut, qu’il en donne à celui qui en est privé. »
Son Éminence a conclu en soulignant que nous avons aujourd’hui un besoin urgent de comprendre et de mettre en pratique le sens profond de ce hadith prophétique, afin de sauver l’humanité d’une crise morale sans précédent. Il a rappelé que nous vivons dans un monde profondément déséquilibré, où certaines nations jouissent d’une richesse, d’un luxe et d’un excès extrêmes, tandis que d’autres souffrent de la pauvreté, du besoin, et ne trouvent même pas leur subsistance quotidienne, comme c’est le cas à Gaza – qu’Allah leur accorde délivrance et secours, a-t-il invoqué. Il a enfin cité Ibn Sīnā (Avicenne), qui a résumé avec justesse cette problématique en disant : « Sans nourriture ni boisson, le corps ne peut survivre ; sans savoir, l’âme ne vaut rien. » Une âme privée de connaissance, a conclu le Grand Imam, est une âme morte.