Cheikh d'Al-Azhar souligne : « La beauté divine englobe toutes les créatures de ce monde inférieur, car elle ne se réduit pas à l’apparence, mais réside dans la perfection de la création et la précision de sa finalité. »
Dans la perfection du Créateur se manifeste une sagesse protectrice qui maintient l’équilibre entre les contraires, sans qu’aucun ne prenne le dessus.
Le nom divin « Al-Hakīm » (Le Sage) signifie « Celui qui œuvre avec perfection ». Cette perfection se manifeste notamment dans la création de l’homme à partir d’argile, ainsi que dans le don qu’Il lui a accordé de la raison, de la sensibilité et de la conscience.
Le Cheikh d’Al-Azhar a déclaré que le nom d’Allah « Al-Hakīm » ne pouvait être interprété que selon deux formes morphologiques : soit à la forme « fa‘îl » au sens de « ‘alīm » (omniscient), soit à la forme « muf‘il » au sens de « muhkim » avec un kāf cassé (c’est-à-dire : « Celui qui rend parfait »). Ce nom renvoie à l’idée de perfection et de maîtrise, car Allah a façonné toutes choses avec précision et mesure. Cela est attesté par la parole divine : « Celui qui a bien fait toute chose qu’Il a créée, et qui a commencé la création de l’homme à partir d’argile ». Il a également précisé que l’on entend ici par beauté divine (al-ḥusn al-ilāhī) la perfection inhérente à toute chose créée par Allah, y compris dans certaines créatures où cette beauté ne se manifeste pas de manière évidente, comme les insectes ou les êtres inférieurs. En effet, la beauté divine ne se réduit pas à l’esthétique visible, à l’éclat ou à l’attrait formel. Il ne s’agit pas uniquement d’une beauté de forme, mais d’une excellence dans la création elle-même. C’est là le sens du verset : « Celui qui a bien fait toute chose qu’Il a créée », c’est-à-dire : Il a créé avec perfection et justesse. Cette perfection est particulièrement manifeste dans la création de l’être humain.
Et Son Éminence le Grand Imam a expliqué – dans le vingtième épisode de l’émission « Al-Imam al-Tayeb » – que même si certaines créatures ne peuvent être qualifiées de belles au sens d’éclat ou de beauté apparente, elles relèvent tout de même de la beauté divine en tant que perfection de la création. C’est pourquoi Allah — Exalté soit-Il — dit dans un autre verset :
« À Lui appartient la royauté des cieux et de la terre. Il ne S’est point attribué d’enfant, Il n’a point d’associé dans la royauté, et Il a créé toute chose et lui a donné sa juste mesure.» Ce verset vient expliciter le sens du le verset précédent : « Il a bien fait toute chose qu’Il a créée », en précisant qu’il s’agit ici de la justesse de la mesure et de la perfection dans la création, et non de la beauté de forme ou de l’attrait visible. Ainsi, certaines créatures inférieures, comme les insectes ou autres êtres que nous ne percevons pas comme beaux, témoignent tout autant de l’existence d’Allah que les montagnes, la terre ou les cieux. Elles portent en elles une proportion parfaite, un ordre et une structure qui ne peuvent être perçus que par les savants. Et c’est pourquoi, en les contemplant, nous disons : « Subḥān Allāh » (Gloire à Allah).
Son Éminence le Grand Imam a précisé que ce que l’on entend par perfection — qui est le sens du mot « Aḥsana » dans le verset — renvoie également à la protection. Elle implique la présence d’un contrôle, d’une régulation et d’un équilibre qui préservent les contraires de toute domination mutuelle. Ainsi, l’être humain, dans la complexité de sa constitution, possède des organes internes qui fonctionnent à une température précise. Il suffit que cette température s’élève légèrement — jusqu’à 40 degrés — pour qu’il ressente de l’inquiétude et de la fatigue. Or, c’est l’œuvre parfaite d’Allah dans la création de l’homme qui permet de maintenir sa température corporelle stable à 37 degrés. Voilà ce que signifie la justesse de la mesure et la perfection dans la création. Il a également souligné que l’un des phénomènes les plus étonnants liés à cette perfection de la création et à cette précision dans l’équilibre se manifeste dans le processus de pollinisation des fleurs. Certaines sont fécondées par les insectes, d’autres par le vent. Les plantes fécondées par le vent n’ont pas besoin d’attractifs pour être pollinisées, car le vent souffle naturellement et les fécondent. En revanche, les plantes dont la pollinisation dépend des insectes présentent des couleurs éclatantes et des parfums spécifiques destinés à attirer ces insectes pour accomplir leur rôle.
Son Éminence l’Imam Al-Ṭayeb a conclu l’épisode en réaffirmant que tel est bien le sens de la perfection et de la justesse de la mesure évoquées dans la parole d’Allah : « Celui qui a bien fait toute chose qu’Il a créée, et qui a commencé la création de l’homme à partir d’argile. » En effet, bien que l’être humain ait été créé à partir d’argile, il est façonné avec maîtrise et perfection. Comment, alors, un tel esprit, une telle âme, pourraient-ils alors émaner de l’argile, alors même qu’ils en sont l’opposé ? Et pourtant, Allah l’a créé, lui a accordé l’intelligence, la faculté de penser, le sens des responsabilités, la sensibilité, l’émotion, l’amour, la colère, et bien d’autres caractéristiques encore. Or, aucune de ces qualités ne relève de la nature de l’argile. Puis Il lui a insufflé l’âme. Voilà ce qu’est la véritable perfection, celle qui témoigne de la sagesse d’Allah. Il est Al-Ḥakīm – c’est-à-dire : Celui qui façonne toute chose avec une maîtrise parfaite.